Certains étaient venus de très loin, et même de Saint Rambert au sud de la Loire …
Ils avaient franchi le fleuve puis avaient gravi des reliefs escarpés côté Saint Just jusqu’à atteindre le haut de la Tranchardière.
De là, en suivant route sinueuse et chemin pierreux, ils avaient rejoint le lieu qu’on leur avait indiqué sous le sceau du secret.
Enfin ils étaient arrivés sains et saufs, heureux d’être là, face à un grand chêne millénaire dans un espace initiatique dont ils ressentaient la puissance invisible.
Assis sur leurs pliants, leurs plaids sur les genoux ils se félicitaient de s’être prémunis de la fraîcheur nocturne d’un été expirant.
Mais qu’avait pu donc bien pousser cette centaine de personnes à fuir le confort douillet de leurs pénates pont-rambertoises pour venir se retrouver dans cet endroit spécial ?
Une cérémonie druidique ? Le cadre bucolique et le chêne éclairé de mille feux aurait pu y faire songer, mais il n’y avait pas de gui.
Un anniversaire ? Non, de toutes manières personne dans l’assistance ne se serait résolu à avouer son âge.
Une commémoration ? Encore moins.
Non, si toute cette assemblée se trouvait constituée c’était pour un hommage …
Oui, un hommage à une grande dame disparue il y a seulement deux petites années mais dont le souvenir et l’œuvre continueront longtemps à nous poursuivre.
Des chansons pour enfants ? Oui bien sûr et nous les avons toutes en tête mais aucune ne fut chantée ce soir là.
Plutôt, pour ce festival sous les étoiles, des compositions plus sévères et parfois plus coquines (les enfants étaient couchés et c’était bien ainsi).
En fait, Anne pouvait présenter deux visages, mais les deux étaient empreints de la même ironie dans l’expression, de la même dynamique dans la rythmique, de la même poésie dans les paroles.
Bien sûr ce récital des Trois Becs n’aurait pas eu le relief qu’il présenta s’il n’eût été précédé d’un florilège des meilleures interprétations de Séneçon, Nino Ferrer (Mirza), Duke Ellington, Paolo Conte, avec les frères Grolet, Frédéric au clavier et Jean-Pierre à la guitare, entourés de talentueux musiciens, contrebassiste, batteur, clarinettiste.
À vous de juger en regardant quelques extraits.
Dites vous que Les Notes de Sept Lieux se tiennent tous les ans à la même époque, celle où l’on récolte les pommes de mi-saison.
Si vous regrettez de n’avoir pu être là cette année, réservez dès à présent votre troisième samedi de septembre 2023.
Il va sans dire que cette veillée fut suivie comme à l’accoutumée de vin et d’hydromel ainsi que de boissons chaudes pour celles et ceux dont les mains engourdies tremblaient trop pour tenir un verre sans en répandre le contenu.